-labricosek-
le fantôme du cinéma
est tout usé
des centaines de bobines à ranger
dans des boîtes sombres
comme des sarcophages
ont eu raison de sa gaité
celle des premières coutures
c'est pour éclore sous des yeux mous
c'est pour gratter le rond d'un crâne
c'est pour gagner du temps sur les horaires
qu'il a toujours un brin de voix
et un appétit d'avion
les fantômes de mes cinémas
sont rayés et foutus
les gommettes en vrac dans la semoule
on dirait que les rengraines à petits marteaux
ont fait rapetisser les soleils
les soleils j'en voulais plein les bras
j'en mangeais par le rêve
y'avait des collections de fausses notes
mises en bouquets dans des chapeaux
les chapeaux avaient des rhumes
le soir de sommeil
les fantômes de mes cinémas
collent sous mes parapluies
ils soufflent dans mes soucis
pour gonfler leurs draps
pour voyager, toute bleuie
c'est du loin déjà
l'alouette a bu le pain perdu
celui qui colorait l'assiette
en forme de piano
et mes siestes ne valaient pas un fromage
sans doute